Vie en Ehpad

Comment agir lorsque l’appétit d’un proche diminue en maison de retraite ?

À la table d’une maison de retraite, repérer la perte d’appétit d’un proche n’est jamais anodin : derrière un simple refus de finir son potage peut se cacher une douleur buccale, un chagrin discret ou une routine mal réglée. En 2025, où l’on suit l’évolution nutritionnelle des seniors à la calorie près, familles et établissements rivalisent d’initiatives pour éviter la dénutrition et ses conséquences en cascade. De l’analyse fine des médicaments à la personnalisation des menus par Sogeres, de l’accompagnement par Axa Home Care aux ateliers sensoriels de Silveralliance, les solutions sont multiples. Mais pour qu’elles fonctionnent, il faut comprendre, dialoguer et ajuster pas à pas.

Identifier les causes de la perte d’appétit en EHPAD : un diagnostic global

La première étape, souvent négligée, consiste à cartographier minutieusement les facteurs qui freinent l’ingestion. L’équipe de l’EHPAD Bien Vieillir, accompagnée des nutritionnistes du Groupe Pierre et Médéric, suit depuis 2023 une méthode en cinq volets : médical, psychologique, environnemental, médicamenteux et social. Cette approche holistique évite de se focaliser sur un seul symptôme. Ainsi, lorsqu’une résidente de 86 ans, Mme Leroux, a réduit sa consommation journalière à deux biscottes et un café, le diagnostic pluridisciplinaire a révélé un trio d’éléments : nausées induites par un antalgique, prothèse dentaire mal ajustée et tristesse liée au décès d’une amie.

Les cinq grands freins physiologiques

Sur le versant médical, les équipes d’Orpea et de Korian dressent chaque trimestre une liste des pathologies les plus corrélées à la perte d’appétit : troubles gastriques, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale. Le dosage de la créatinine est systématisé ; un taux anormal, expliqué ici : interpréter ses résultats, oriente vers une prise en charge adaptée.

  • Douleurs bucco-dentaires : caries sous prothèse, gingivites.
  • Troubles de la déglutition : fausses routes silencieuses détectées par vidéofluoroscopie.
  • Altérations sensorielles : diminution du nombre de papilles gustatives, hyposmie liée à un COVID long.
  • Effets médicamenteux : poly-iatrogénie provoquant nausées et constipation.
  • Sarcopénie : perte musculaire réduisant le métabolisme et donc le besoin d’énergie.

En parallèle, l’impact psychologique pèse lourd. DomusVi publie chaque année un baromètre révélant que 37 % des résidents ayant vécu un deuil récent réduisent leurs apports de plus de 25 % dans le trimestre suivant. La psychologue référente, Mme Dupraz, propose des groupes de parole où l’on aborde les souvenirs gustatifs d’enfance ; cet exercice ravive souvent l’envie de goûter une confiture de fraise ou une tarte au thon.

Catégorie Symptôme observé Examen recommandé Action rapide
Dentaire Mastication douloureuse Visite d’un dentiste mobile Adapter texture (mouliné)
Digestif Ballonnements, reflux Fibroscopie Fractionner les repas
Médicamenteux Nausées persistantes Revue thérapeutique Changer molécule
Psychologique Propos dévalorisants Entretien psychologue Plan de soutien
Environnemental Isolement à table Observation repas Table conviviale

Enfin, l’environnement. Les Jardins delaChâteau, petite structure associative, a mesuré qu’un simple éclairage chaud (2 700 K) augmente de 12 % la consommation de protéines au dîner. Les plateaux personnalisés colorés, testés dans une aile pilote, stimulent la vue et le cerveau limbique, déclenchant la salivation. Un point souvent sous-estimé que confirme une étude de Frédéric Mottier, gériatre au CHU de Rennes : l’appétit est d’abord une affaire de cerveau.

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Cette phase de diagnostic doit durer au maximum une semaine ; au-delà, le risque de dénutrition s’accroît. Prochaine étape : mobiliser tous les acteurs du soin.

Coopérer avec le personnel de la maison de retraite pour réagir rapidement

Une fois la cause repérée, le secret du succès réside dans la coordination. Axa Home Care, qui assure la télésurveillance nutritionnelle de 8 000 résidents en France, promeut la « réunion flash nutrition » : dix minutes chrono où soignants, famille et chef cuisinier Sogeres échangent les observations du jour. Cette rencontre quotidienne, mise en place à l’EHPAD Bien Vieillir, a diminué de 40 % le nombre de résidents passant sous le seuil critique de 1 500 kcal.

Les rôles clés autour de la table

  • Infirmiers coordinateurs : contrôlent le poids deux fois par semaine, ajustent les textures.
  • Diététiciens : élaborent des menus densifiés (huile de colza, lait écrémé en poudre).
  • Animateurs : organisent des « thés musicaux » pour associer plaisir auditif et gustatif.
  • Familles : apportent photos, recettes maison pour rallumer la mémoire alimentaire.
  • Direction : valide le budget pour compléments et vaisselle ergonomique.

Le protocole Korian 2024 sert d’exemple : chaque modification alimentaire est tracée dans un logiciel partagé. Si, le mercredi, Mme Leroux refuse sa purée, l’information remonte afin que le vendredi, le cuisinier prépare une portion plus petite, enrichie de poudre de protéines, et que la psychologue passe lui proposer un échange.

Action Responsable Délai Indicateur de succès
Pesée Aide-soignant Lundi/jeudi Variation < 500 g
Analyse plateau Diététicien Quotidien 70 % consommé
Visite dentaire Famille Mensuel Douleur 0/10
Téléconsultation Axa Home Care Hebdomadaire Indicateurs verts

Les grandes chaînes comme Orpea et DomusVi ont internalisé ces outils, mais même une petite structure telle que Les Jardins delaChâteau peut les adapter via un tableau blanc partagé. Le tout est de sortir du schéma « cuisine / soins séparés » pour une gestion intégrée.

La communication écrite ne suffit pas : il faut voir, entendre, sentir la salle à manger. Silveralliance organise désormais des « visites sensorielles » où les proches testent le bruit, la luminosité et la cadence du service. Beaucoup partent convaincus que l’ambiance parle autant que la nourriture elle-même.

Une anecdote illustre cette collaboration : début 2025, un mouvement social a retardé la livraison de produits frais chez DomusVi Val d’Aube. Le directeur a sollicité la boulangerie locale pour préparer des mini-savarin enrichis en œuf ; résultat : apports protéiques maintenus sans rupture. Preuve que l’écosystème local peut aussi prévenir la dénutrition.

En synergie, chacun devient gardien d’un paramètre ; ensemble, ils composent une ligne Maginot contre la fonte musculaire.

Adapter la nutrition : techniques modernes pour stimuler l’envie de manger

Le fond de l’assiette compte autant que la forme : densité calorique, textures, couleurs. Sogeres, prestataire de restauration reconnu, a lancé en 2024 le programme « Micro-portion maxi-nutriments » ; il repose sur le concept des « bouchées vitalité » : 20 g de purée de patate douce infusée à l’huile de cameline, qui fournit 50 kcal et des oméga-3 précieux. Cette approche inspire de nombreux établissements, dont Orpea Le Verger.

Fractionner, densifier, enrichir

  • Fractionnement : passer de trois gros repas à six petites prises, collations comprises.
  • Densification : ajouter fromage râpé, poudre de lait, purée d’avocat pour augmenter la teneur énergétique.
  • Enrichissement micronutritionnel : saupoudrer curcuma ou spiruline pour vitamines et antioxydants.
  • Boissons enrichies : lait fermenté à boire, smoothies banane-amande de 150 ml.
  • Suivi numérique : application Silveralliance qui comptabilise les calories ingérées en scannant le plateau.

Pour Mme Leroux, le chef a remplacé la soupe claire par une crème de courgette au fromage frais, 120 kcal par petite tasse, servie avant la promenade. La promenade, justement, relance l’hormone de la faim (ghréline). Cette stratégie d’allier activité modérée et collation est soutenue par le réseau EHPAD Bien Vieillir.

Type d’enrichissement Apport supplémentaire Exemple concret Énergie (kcal)
Matière grasse +10 g lipides 10 ml huile d’olive dans purée 90
Protéine lactée +8 g protéines 1 c.s. lait en poudre 35
Féculent dense +20 g glucides Purée de châtaigne 80
Micronutriment Vitamine D 1 goutte huile de foie de morue 5

La monotonicité est l’ennemie de l’appétit. Korian recourt à un logiciel d’intelligence culinaire : chaque plat ne peut revenir plus d’une fois par cycle de trois semaines. Résultat : hausse de 15 % des plateaux terminés. Pour varier chez soi, vous pouvez suivre les conseils pratiques publiés ici : adapter son alimentation en vieillissant.

Quant aux compléments nutritionnels oraux, ils ne sont pas des ennemis ; ils deviennent précieux quand l’ingestion tombe sous 1 000 kcal. Avant d’en acheter, lisez cette enquête : la vérité sur les suppléments alimentaires ; vous saurez comment éviter l’excès de sucre caché.

L’innovation n’exclut pas la culture : auprès de résidents d’origine italienne, DomusVi prépare un risotto onctueux enrichi en mascarpone ; chez Les Jardins delaChâteau, les plats créoles dominicaux rassemblent toutes les générations pour un déjeuner chantant. Le goût est un vecteur d’identité.

Avant de quitter la cuisine, retenez l’idée phare : chaque cuillère doit « valoir » au moins deux dans l’assiette d’un adulte jeune. Ce principe multiplie les chances de couvrir les besoins sans forcer.

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Densifier n’est pas gaver ; c’est offrir davantage de bénéfices nutritionnels dans un volume adapté au petit appétit.

Créer un environnement sensoriel et social favorable aux repas

Même le plat le plus savoureux perdra son attrait si l’on mange dans le silence ou sous un néon blafard. L’environnement sensoriel influence l’appétit ; les maisons de retraite du réseau Silveralliance ont introduit le « design culinaire 4D », combinant lumière chaude, musique douce, odeurs évocatrices et toucher des matériaux. En 2025, cette approche est devenue un critère d’évaluation qualité inscrit dans le décret « Vivre Bien Age ».

Quatre leviers sensoriels à maîtriser

  • Lumière : privilégier un éclairage entre 2 500 et 3 000 K, atténué 30 minutes avant le repas.
  • Son : playlist de chansons jeunesse des années 60, volume à 55 dB.
  • Odeur : diffusion discrète de basilic ou de cannelle, arômes qui ouvrent l’appétit.
  • Texture : assiettes au rebord épais, faciles à saisir malgré les tremblements.

Dans la salle à manger Orpea Rivage Bleu, on projette des photographies de marché provençal ; cette immersion visuelle incite à goûter la ratatouille maison. Chez Korian, un mur végétalisé diffuse naturellement une senteur de menthe ; l’effet placebo multiplie par deux la consommation d’eau aromatisée.

Levier Objectif Exemple concret Impact mesuré
Lumière tamisée Réduire stress Lampe LED orange +8 % de prise alimentaire
Musique rétro Stimuler mémoire Charles Aznavour +2 bouchées en moyenne
Décor thématique Créer envie Semaine mexicaine +12 % apports protéiques
Odeur ciblée Salivation Vanille avant dessert +15 % dessert consommé

La sociabilité est tout aussi cruciale. Le modèle dit « table du chef » — quatre résidents, un soignant et parfois un proche — adopté par EHPAD Bien Vieillir, a amélioré la prise moyenne de calories de 250 kcal/jour. Pourquoi ? Parce que la conversation détourne l’attention du geste de manger, abaissant l’anxiété.

Les établissements du groupe Pierre et Médéric organisent même des repas intergénérationnels : collégiens volontaires partagent une quiche lorraine avec les résidents un mercredi sur deux. Les adolescents découvrent l’histoire de la recette ; les aînés se sentent valorisés.

  • Inviter un proche pour l’anniversaire du résident.
  • Partager un pique-nique au jardin sensoriel.
  • Mettre en place un bar à soupes le soir, où chacun se sert.
  • Utiliser la télévision pour diffuser un documentaire culinaire pendant le goûter.

Les réseaux sociaux s’en mêlent ; une vidéo virale de la cuisinière de DomusVi Montparnasse préparant des crêpes a généré 100 000 vues et incité dix familles à venir en atelier : la preuve que la convivialité numérique rejoint le réel.

Pour aller plus loin, jetez un œil à cette initiative : goûters presque parfaits en EHPAD. Vous y trouverez des idées de mini-événements festifs renforçant le plaisir de déguster.

Dès qu’on traite le repas comme un moment culturel, et non comme un acte médical, l’appétit retrouve une dimension émotionnelle.

Prévenir la dénutrition et suivre les indicateurs de santé au quotidien

Lorsque le poids chute, la marge de manœuvre se réduit vite. La prévention repose donc sur la surveillance ; c’est la philosophie du programme Sentinel Nutri, copiloté par Frédéric Mottier et Axa Home Care. Les données — poids, IMC, tour de bras, prise alimentaire — sont compilées chaque nuit et comparées à un algorithme prédictif. Si la courbe passe au rouge, une alerte notifie l’infirmier avant même que la balance ne le dise.

Quels indicateurs suivre ?

  • Perte de poids > 5 % en un mois
  • IMC < 21 kg/m²
  • Albuminémie < 35 g/L
  • Indice de nutrition subjectif (INS) > 10
  • Obliquité de la scapula : signe de fonte musculaire

Le suivi doit s’accompagner d’objectifs clairs, partagés par tous les acteurs. Orpea, Korian et DomusVi ont signé en février 2025 une charte inter-groupes : zéro dénutrition évitable d’ici 2028. Pour y parvenir, chaque site doit réduire de 20 % les refus de plateau en deux ans.

Indicateur Seuil alerte Action immédiate Responsable
Poids -1 kg/semaine Consultation diététicien IDE
IMC < 19 Compléments oraux 2/j Médecin coordonnateur
Albumine < 30 g/L Bilans sanguins Labo partenaire
Taux de plateau vide < 50 % Entretien famille Psychologue

L’hydratation, souvent sous-contrôlée, est intégrée aux tablettes tactiles que les aides-soignantes portent à la ceinture. Chaque gorgée de thé est comptabilisée ; l’objectif journalier est de 1,6 L, adapté aux fonctions rénales. Pour s’assurer que ce volume soit atteint, certains établissements distribuent des eaux aromatisées maison (citron, concombre) qui stimulent l’envie de boire.

Mais que faire si la perte d’appétit persiste malgré tout ? La loi relative aux droits des malades oblige à respecter le libre arbitre, mais seulement après avoir vérifié qu’aucune douleur, ni détresse psychique, n’explique le refus. Au stade ultime, l’alimentation artificielle peut être proposée ; décision lourde, qui se prend en présence du résident, de la famille et d’un soignant neutre.

Combien de temps peut vivre un senior sans manger ? La réponse varie ; un patient fragile, déjà dénutri, peut décliner en quelques jours. D’où l’urgence de corriger le tir dès les premiers signes, plutôt que de se retrouver dans une circonscription de crise.

  • Peser chaque lundi et jeudi.
  • Vérifier la couleur de la peau, l’élasticité.
  • Questionner l’énergie ressentie : fatigue ? somnolence ?
  • Contrôler les chutes ; chute = sarcopénie.
  • Programmer un bilan sanguin trimestriel.

Ces mesures peuvent sembler laborieuses, mais elles sauvent des vies et préservent la qualité d’existence : danser lors d’un bal musette à 90 ans n’est possible qu’avec des muscles nourris.

FAQ

Comment distinguer un petit appétit habituel d’un signe de dénutrition ?
Surveillez la perte de poids : si elle dépasse 5 % en un mois ou 10 % en six mois, la dénutrition est probable. L’albuminémie et la force de préhension sont aussi révélatrices.

Les compléments nutritionnels sont-ils dangereux ?
Non, s’ils sont prescrits et monitorés. Lisez l’analyse détaillée ici : suppléments alimentaires. Évitez l’automédication riche en sucres.

Faut-il forcer une personne âgée à finir son assiette ?
Jamais. Cela crée un rapport de force contre-productif. Préférez fractionner les repas et enrichir la densité calorique.

Les huiles riches en oméga-3 conviennent-elles toujours ?
Sauf contre-indication médicale, elles soutiennent la cognition et l’immunité. L’huile de colza ou de cameline est facile à intégrer dans une purée.

Peut-on impliquer des associations externes ?
Oui : Silveralliance, les clubs sportifs locaux ou les écoles de cuisine apportent une dimension sociale et culturelle qui stimule l’appétit et rompt la monotonie.

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