À Tarbes, la situation des Ehpad fait aujourd’hui l’objet d’une vive préoccupation, portée notamment par les représentants du syndicat CGT. Les témoignages s’accumulent, évoquant des conditions de vie en forte dégradation pour les résidents, en raison d’un déficit de personnel devenu chronique. Les salariés s’épuisent, les familles s’inquiètent, et les syndicalistes lancent une véritable alerte sociale. Malgré un coût souvent jugé exorbitant pour les familles — bien supérieur à 2 500 € par mois — la prise en charge des personnes âgées continue de se restreindre, que ce soit en termes de soins, de restauration ou d’activités. Face à la multiplication des situations critiques à travers la France, dont Tarbes n’est qu’un exemple frappant, la nécessité d’une réforme profonde des Ehpad est aujourd’hui plus pressante que jamais. À travers ce dossier, plongée dans une réalité trop souvent invisibilisée, où la santé et la dignité des aînés sont étroitement liées aux conditions de travail du personnel soignant.
Le cri d’alarme de la CGT : une crise du personnel dans les Ehpad de Tarbes
Depuis plusieurs mois, la CGT du centre hospitalier de Tarbes ne cesse de tirer la sonnette d’alarme : le manque cruel de personnel soignant dans les Ehpad de la ville nuit non seulement à la qualité des soins, mais détériore aussi la vie quotidienne des résidents. Les syndicats rappellent que la désertification du secteur ne date pas d’hier, mais le phénomène s’est intensifié, rendant la situation explosive en 2025.
Tarbes, comme d’autres villes françaises, est confrontée à une pénurie de main-d’œuvre qui ne cesse de s’accentuer. À l’image de la CGT, de nombreux collectifs de soignants dénoncent :
- Des ratios personnels/résidents bien en deçà des recommandations nationales
- Un absentéisme lié à l’épuisement professionnel et à la multiplication des arrêts maladie
- Une augmentation du nombre de démissions, de reconversions ou même d’abandons de poste
- Le sentiment de ne plus pouvoir exercer leur métier dans des conditions dignes
- Des retombées dramatiques pour la santé mentale et physique des soignants
Le témoignage d’Anne-Marie, aide-soignante depuis vingt ans dans un Ehpad de Tarbes, est caractéristique : « Aujourd’hui, je dois gérer seule jusqu’à dix résidents, dont plusieurs polypathologies lourdes. Je cours, je fais de mon mieux, mais on n’arrive plus à assurer comme avant… ». Ce type de situation ne cesse de se répéter dans l’ensemble du département.
D’après la CGT, la détérioration de la situation résulte également d’une mauvaise répartition des moyens financiers. Bien que la plupart des familles déboursent plus de 2 500 € chaque mois, cela ne garantit en rien le recrutement de renforts. Les problèmes de financements touchent aussi les services à domicile, fragilisant toute la filière du grand âge.
Au-delà des chiffres, la CGT insiste sur la dimension humaine : derrière chaque sous-effectif, il y a des équipes à bout de souffle, des résidents parfois livrés à eux-mêmes, et un climat général d’insécurité. Ce cri d’alarme, relayé par le syndicat, vise aussi à pousser les autorités à agir, car les conséquences du déficit de personnel dépassent très largement le cadre professionnel.
Des conséquences directes sur la vie en établissement
Le manque de personnel ne se limite pas à des conditions de travail dégradées : il entraîne inévitablement une baisse tangible de la qualité de vie des résidents. À Tarbes, selon la CGT, les temps dédiés à l’accompagnement individuel se réduisent, et certains actes de la vie quotidienne sont assurés dans la précipitation.
- Repas pris rapidement ou décalés face à l’indisponibilité du personnel
- Soutien psychologique presque inexistant dans certains établissements
- Mises au lit ou aides à la toilette parfois bâclées, faute de bras
- Réductions des activités de groupe pourtant essentielles pour lutter contre l’isolement
Au final, la CGT affirme que la crise actuelle sape les fondements du système de solidarité qui devrait entourer les personnes âgées, et appelle à un sursaut collectif, tant sur les plans financier qu’organisationnel.
Conditions de travail et santé des personnels en Ehpad : un cercle vicieux dénoncé par la CGT
En 2025, les conditions de travail des personnels soignants en Ehpad à Tarbes, mais aussi dans de nombreuses autres villes, sont au cœur d’une crise profonde. Les acteurs du terrain parlent d’un véritable cercle vicieux : déficit de personnel, charge de travail écrasante, multiplication des accidents du travail, et détérioration progressive de la santé physique et mentale du personnel. Cet enchaînement, déjà dénoncé en Isère ou dans certaines régions à budget restreint, devient une problématique nationale à l’heure actuelle.
Les acteurs syndicaux insistent sur le fait que la santé des professionnels doit être considérée comme un élément central si l’on souhaite améliorer la prise en charge des seniors. Pourtant, la réalité quotidienne des employés d’Ehpad invite peu à l’optimisme. Les arrêts de travail se multiplient, conséquence directe d’un environnement de plus en plus pressurisé.
- Surmenage chronique dû à une insuffisance de personnel
- État de fatigue généralisé et stress quotidien, parfois jusqu’au burn-out
- Multiplication des abus, du harcèlement moral et des violences institutionnelles
- Insécurité ressentie, tant pour les soignants que pour les résidents
Un phénomène accentué par la crise de vocation qui frappe le secteur : selon plusieurs études relayées par le syndicat CGT, de plus en plus de jeunes diplômés préfèrent quitter la profession, découragés par la difficulté des conditions de travail et le manque de reconnaissance.
Le récit de Sophie, infirmière coordinatrice, illustre malheureusement trop bien la détresse qui touche les équipes : « J’ai perdu trois collègues cette année, parties vers d’autres métiers. On aimerait transmettre notre savoir aux nouvelles générations, accompagner dignement, mais comment tenir dans ces circonstances ?»
Les risques sur la santé mentale et physique du personnel
La question de la santé mentale des soignants n’est plus un sujet tabou. Selon la CGT, de nombreux salariés présentent des symptômes de souffrance psychique : troubles du sommeil, crises d’angoisse, syndromes dépressifs. Cette détresse s’accompagne parfois de problèmes physiques majeurs, conséquence d’un travail physique intense (port de charges lourdes, gestes répétés, postures contraignantes).
- Douleurs articulaires et lombaires, blessures musculaires récurrentes
- Fatigue extrême, difficulté de récupération après les services
- Chronification de pathologies, du fait d’un accompagnement médical souvent retardé
- Propagation de maladies liées au stress (hypertension, diabète chez les seniors…)
Face à cette situation, la CGT demande l’ouverture de discussions nationales sur le statut du personnel d’Ehpad, l’intégration systématique de formations sur la prévention des risques professionnels, ainsi qu’un réel soutien psychologique pour les équipes. L’objectif : sortir du cercle vicieux où le mal-être des salariés alimente le déficit de personnel, et réciproquement.
Déficit de personnel et impacts sur la qualité des soins en Ehpad à Tarbes
Au fil des années, l’accroissement du déficit de personnel dans les Ehpad a eu pour conséquence une baisse notable de la qualité des soins apportés aux résidents. À Tarbes, comme dans d’autres villes, la CGT ne cesse d’alerter sur ce phénomène, relayé jusque dans les pages nationales par de nombreux médias. Les conséquences sont multiples, et touchent à la fois le quotidien des personnes âgées et la réputation des établissements. Des familles n’hésitent plus à alerter l’opinion publique face à la dégradation du service.
- Rallongement des délais d’intervention pour les soins essentiels (prise de médicaments, hygiène, prévention des chutes)
- Augmentation du nombre d’incidents : escarres, malnutrition, déshydratation
- Réduction drastique des activités de stimulation cognitive ou de loisirs
- Sécurisation insuffisante des lieux et moindre vigilance auprès des résidents à risque
- Problèmes de gestion comportementale et de prévention des violences institutionnelles
Le cas de Bernard, octogénaire, rapporte une réalité désolante : « Parfois, je dois attendre plus d’une heure avant qu’on vienne m’aider à me lever. Le personnel fait ce qu’il peut, mais il n’y en a pas assez. Cela finit par nous faire perdre confiance. »
La question du reste à charge, évoquée par la CGT, aggrave le problème. Malgré des factures élevées pour les familles, certains Ehpad, y compris ceux de Tarbes, rencontrent d’importantes difficultés financières, comme cela a été relayé récemment en Finistère. Le cercle vicieux se referme, puisqu’une situation financière tendue empêche le recrutement nécessaire, dégrade le quotidien, et multiplie les critiques sur la qualité des soins.
Comment les familles réagissent-elles face à la situation ?
L’une des plus grandes inquiétudes exprimées par le syndicat CGT demeure la perte de confiance des proches et des familles. Face à la multiplication des problèmes, il n’est pas rare de voir des proches manifester, publier des courriers de signalement, ou encore entamer des démarches légales pour améliorer les conditions de vie de leur parent. Certaines familles optent même pour des solutions alternatives ou se tournent vers des structures d’accueil plus adaptées à la dépendance avancée, bien que le manque de places soit tout aussi criant.
- Recours à des plateformes de signalement des dysfonctionnements
- Engagement dans des collectifs de défense des droits des résidents
- Multiplication des interventions auprès des conseils départementaux ou des autorités sanitaires
- Quêtes d’alternatives hors département, voire hors secteur public
Autant de démarches qui témoignent de l’ampleur de la crise mais aussi d’une volonté de ne pas baisser les bras face aux difficultés.
Sous-financement chronique et effets structurels : l’Ehpad à Tarbes au bord de la rupture
Derrière la problématique du déficit de personnel se cache une réalité plus structurelle : celle d’un sous-financement chronique des Ehpad, amplifié par une croissance de la dépendance des résidents. Dans la ville de Tarbes comme dans de nombreux autres territoires, les syndicats insistent sur l’incapacité du système à répondre à la fois à la demande croissante et à la complexité des prises en charge.
La CGT évoque l’urgence d’une réforme en profondeur, réclamant que l’accompagnement du grand âge soit pleinement intégré aux missions de la Sécurité sociale. Actuellement, la prise en charge repose souvent sur une évaluation de l’autonomie réalisée à l’entrée en Ehpad, mais pour le syndicat, ce système montre « ses faiblesses, car les états de santé se dégradent très vite et il peut se passer trois ans avant qu’une nouvelle évaluation ne soit réalisée ». Un laps de temps trop long aux yeux des professionnels et des familles.
- Grille d’autonomie insuffisamment réévaluée pour coller à l’évolution rapide des pathologies
- Inadéquation des financements par rapport aux besoins réels
- Soutien logistique et matériel insuffisant, impactant directement la prise en charge
- Restrictions budgétaires menant à des réductions d’effectifs et à l’épuisement généralisé
Dans ce contexte, certains établissements innovent, mais doivent composer avec une précarité financière marquée, similaire à ce qui a conduit une grève inattendue à Cazaubon. Les salariés réclamaient simplement le respect des promesses faites par leur direction, illustrant la tension quotidienne présente sur le terrain.
Des conséquences invisibles mais réelles sur le quotidien des aînés
Le sous-financement s’accompagne d’autres problématiques structurelles : matériel obsolète, bâtiments mal adaptés, difficultés à suivre les évolutions réglementaires. Autant d’entraves qui pèsent sur l’accompagnement des personnes âgées, leur sécurité et leur bien-être.
- Infrastructure vieillissante, générant des incidents techniques réguliers
- Mauvaise prise en compte des besoins spécifiques des résidents très dépendants
- Délais d’investissement retardés, faute de marges budgétaires
- Formation initiale et continue des personnels compromise, limitant l’adaptation aux nouveaux défis
Dans ce contexte, la CGT appelle à une mobilisation générale des pouvoirs publics, afin de repenser la structuration et le financement des Ehpad en profondeur.
Réformer l’accompagnement des personnes âgées : propositions du syndicat CGT pour sortir de la crise à Tarbes et ailleurs
L’analyse de la CGT ne se limite pas à une simple dénonciation : elle s’accompagne de plusieurs propositions concrètes visant à restaurer la dignité des aînés et à améliorer durablement la situation des soignants à Tarbes et sur l’ensemble du territoire. Pour le syndicat, il est urgent d’aller au-delà des mesures ponctuelles et d’engager une transformation systémique du secteur.
- Intégration pleine et entière de la prise en charge du grand âge à la Sécurité sociale, avec un financement à 100 %
- Mise en place d’équipes de soins renforcées, intégrant de nouveaux corps de métiers (psychologues, éducateurs, ergothérapeutes…)
- Régularisation et revalorisation salariale pour retenir les professionnels formés
- Réévaluation régulière de la grille d’autonomie, en lien avec l’évolution réelle des résidents
- Création de structures d’accueil à taille humaine, favorisant l’accompagnement individuel
La CGT propose également la mise en place de plates-formes d’écoute et de médiation, pour mieux répondre aux attentes des familles et désamorcer en amont les situations conflictuelles. Dans certaines régions, des projets pilotes émergent et s’appuient sur des expériences étrangères ou sur des innovations locales en matière de gouvernance participative.
Inspirations et alternatives pour une prise en charge plus humaine
À Tarbes, mais aussi dans d’autres villes, des initiatives isolées témoignent du potentiel d’une nouvelle approche. Par exemple, la création de petits groupes de vie, favorisant le maintien du lien social et une prise en compte réelle des histoires de vie. Les syndicats réclament également une meilleure articulation entre établissements et services à domicile, comme évoqué dans cet article sur les actions pour surmonter les déficits.
- Favoriser la formation et la fidélisation du personnel pour garantir un suivi de qualité
- Repousser l’institutionnalisation systématique en développant les alternatives à l’Ehpad
- Soutenir l’innovation technologique, tout en gardant l’humain au centre du soin
- Développer les réseaux locaux d’entraide et de solidarité autour des établissements
Ce vaste chantier appelle la mobilisation de tous : professionnels, familles, pouvoirs publics, et résidents eux-mêmes. À Tarbes, la voix portée par la CGT fait écho à un mouvement national visant un changement profond et durable pour tout le secteur du grand âge, avec l’exigence de replacer la dignité, la santé et la solidarité au cœur du projet collectif.