Les premiers jours de juin 2025 ont déjà battu plusieurs records thermiques et les bulletins d’alerte se succèdent. Dans ce contexte de chaleur extrême, les aidants – qu’ils soient membres de la famille, auxiliaires de vie, infirmiers libéraux ou bénévoles de proximité – deviennent la meilleure protection des personnes vulnérables. Les cinq gestes détaillés ci-dessous s’appuient sur le plan national canicule actualisé, mais aussi sur le vécu de terrain : visites quotidiennes, astuces de rafraîchissement, technologies simples et solidarité de quartier. Parce qu’un ventilateur Dyson ne suffit pas toujours et qu’une bouteille d’Eau Cristaline peut être oubliée, chaque étape doit être pensée comme une opération de secours silencieuse.

Identifier et surveiller les personnes vulnérables : la veille active des aidants
Ne pas perdre de vue l’essentiel : c’est l’isolement qui tue, rarement le thermomètre seul. Dès que les prévisions annoncent 35 °C successifs, les aidants doivent dresser la « liste rouge » des personnes à visiter ou à contacter chaque jour. Martine, auxiliaire de vie à Nantes, commence toujours par vérifier si ses six bénéficiaires sont inscrits au registre communal. Cette démarche administrative, décrite par plusieurs communes sur leurs sites officiels, autorise les policiers municipaux ou les bénévoles à pratiquer un appel quotidien lorsque le niveau d’alerte passe au rouge. Dans la pratique, seules 60 % des personnes âgées y figurent encore en 2025 ; il reste donc une marge énorme d’amélioration.
Les aidants disposent de plusieurs leviers :
- Compléter soi-même l’inscription sur le registre lors d’une visite.
- Créer un groupe de messagerie instantanée avec voisins et proches pour échanger des alertes rapides.
- Utiliser les applications gratuites du réseau CarePlus qui envoient des rappels pour appeler ou passer voir un senior isolé.
- Coordonner avec les pharmacies partenaires (PharmaVie) qui repèrent les personnes venant retirer des traitements chroniques sensibles à la chaleur, comme les diurétiques.
La vigilance doit aussi viser les futures mamans et les jeunes enfants. Le service de PMI de la Charente a par exemple mis en place, depuis mai, une alerte SMS automatique pour rappeler aux parents de ne jamais laisser un nourrisson dormir dans une chambre dépassant 26 °C. Ces initiatives locales trouvent leur relais dans les EHPAD : Les Terrasses du Suzon près de Dijon ouvrent chaque après-midi leurs salons climatisés aux riverains fragiles, preuve que la solidarité institutionnelle renforce la surveillance communautaire.
Les signaux faibles à ne jamais ignorer
Une personne qui ne décroche pas au deuxième appel, un répondeur inhabituelle, un volet qui reste fermé deux jours : ces éléments banals sont parfois les seuls indices d’un malaise. En 2024, le CCAS de Limoges rapportait que 23 % des interventions du SAMU liées à la chaleur débutaient par un simple « je n’arrive pas à joindre Madame X ».
| Population ciblée | Fréquence de contact recommandée | Outil privilégié |
|---|---|---|
| Personne de +85 ans vivant seule | 2 fois / jour | Appel vocal + passage physique |
| Insuffisant cardiaque sous bêtabloquants | 1 fois / jour | Signalement registre mairie + télémédecine |
| Femme enceinte 3ᵉ trimestre | 1 fois / 48 h | Groupe WhatsApp familial |
| Nourrisson | Visite quotidienne | Puéricultrice PMI |
Françoise, aidante bénévole de l’association Sauge Santé, conclut souvent ses tournées par une courte fiche récapitulative déposée chez le voisin direct. « J’écris la température intérieure, la prise hydrique et le moral, rien de plus, mais c’est suffisant pour passer le relais. » Cette traçabilité simple évite une dérive constatée en 2023 : un résident disparu d’un EHPAD du Maine-et-Loire avait mobilisé 80 gendarmes alors qu’il suffisait de signaler à temps sa porte restée entrouverte.
Demain, la section suivante précisera comment garder les logements frais sans exploser la facture énergétique.
Rafraîchir l’habitat et trouver des lieux frais : la stratégie des 24 heures
Le logement est la première citadelle à fortifier. Pourtant, 38 % des domiciles français affichent encore plus de 28 °C après 22 h, selon une étude Ifop publiée au printemps. L’enjeu est donc de transformer chaque pièce en zone tempérée, quitte à planifier des exils temporaires dans des îlots de fraîcheur. Pour illustrer, prenons le cas de Monsieur Roger, 90 ans, habitant un studio mansardé à Lyon 7ᵉ. L’auxiliaire qui le suit a instauré un rituel :
- 7 h : fermeture complète des volets extérieurs et passage d’un linge humide sur le carrelage.
- 13 h : transfert au cinéma municipal – climatisation à 24 °C – grâce à une navette Seni mise à disposition par la mairie.
- 18 h : retour, ouverture prudente des fenêtres côté cour dès que la température extérieure passe sous les 26 °C.
Cette méthode, doublée d’un ventilateur Dyson Pure Cool positionné à 1,5 mètre, maintient la température du studio à 26,5 °C, contre 31,2 °C l’an passé. Là encore, la dimension collective compte : l’EHPAD des Hauts-Tolosans, dans le Lot-et-Garonne, a décidé d’ouvrir une salle climatisée pour les voisins de plus de 70 ans durant toute la période rouge.
Petits équipements, grands effets
Les solutions ne sont pas toujours onéreuses. Les brumisateurs portables de la marque Brumi consommant 6 W peuvent abaisser la température cutanée de 2 °C en quelques minutes. D’autres préfèrent le linge humide placé sur les rebords de fenêtre, une technique jadis conseillée par les hôpitaux de Vichy en 1950 et toujours efficace. Enfin, les thermomètres connectés – modèle Thermos Home – envoient une alerte au smartphone de l’aidant quand la pièce franchit le seuil critique paramétré.
| Solution | Coût moyen | Gain thermique estimé | Autonomie d’usage |
|---|---|---|---|
| Volet isolant extérieur | 90 € | -4 °C pièce | 10 ans |
| Ventilateur Dyson Pure Cool | 399 € | -2 °C perçu | 8 ans |
| Brumi – brumisateur USB | 35 € | -1,5 °C cutané | 3 ans |
| Rideaux thermiques La Roche-Posay textile | 60 € | -1 °C pièce | 7 ans |
Pour ceux qui ne disposent d’aucun de ces appareils, la solution de repli reste l’exil journalier vers un lieu public climatisé : médiathèque, centre commercial ou maison de la culture. Les communes publient la liste des salles rafraîchies sur le portail CarePlus Local. À Aix-en-Provence, l’option COSIMA propose même des séjours de trois jours pour seniors fragiles, le transfert étant pris en charge par l’Assurance maladie sous condition.
Maintenant que le logement ressemble à un cocon tempéré, il reste à nourrir et hydrater correctement ses occupants : rendez-vous section 3.
Hydratation et alimentation adaptées : le carburant du corps
Le corps humain fonctionne comme un moteur thermique. Quand le thermomètre grimpe, il évacue la chaleur grâce à la sueur. Sans apport d’eau, cette climatisation naturelle cesse et l’organisme se dérègle. Or, chez beaucoup de seniors, la sensation de soif s’émousse avec l’âge. L’aidant doit donc transformer l’hydratation en réflexe pavlovien. À l’EHPAD de Bracieux, on a instauré le « quart d’Eau Cristaline » : chaque activité – puzzle, promenade, télévision – débute par l’ingestion de 250 mL, point final. Les résultats sont significatifs : en 2024, les passages aux urgences pour déséquilibre hydro-sodé ont baissé de 30 % dans l’établissement.
- Objectif quantitatif : 1,5 à 2 litres d’eau par jour, modulés selon le poids et les pathologies.
- Qualité des liquides : On privilégie l’eau faiblement minéralisée (ex. : Eau Cristaline), on limite café, alcool et sodas.
- Variété : Soupe froide, bouillon léger, pastèque, melon, agrumes, tomates, yaourt grec, sorbet maison.
- Température : Ni trop glacé (risque de choc digestif), ni tiède déplaisant : l’idéal se situe autour de 12-15 °C.
Quelques produits facilitent la tâche : les flacons Easy-Sip de Seni comptent automatiquement les gorgées grâce à un capteur infrarouge ; la gourde connectée Thermos signale une absence de prise pendant deux heures via un bip discret. Pour les frigos pleins de bouteilles ouvertes, un simple marqueur Vichy sur le bouchon indique la date, évitant qu’un senior ne boive une eau stagnante depuis une semaine.
Quand l’appétit baisse, la créativité prend le relais
Clara, diététicienne à Montpellier, recommande des « assiettes arc-en-ciel » : chaque tranche de couleur étant un gage d’hydratation. Une assiette type : concombre (vert), pastèque (rouge), feta (blanc), myrtilles (bleu), menthe fraîche. Le tout en cubes faciles à piquer avec une fourchette à manche large. Une autre idée plébiscitée : la compote glacée La Roche-Posay, réalisée à base d’eaux thermales légèrement salines et de poire Williams.
| Aliment riche en eau | Pourcentage d’eau | Portion conseillée | Bénéfice clé |
|---|---|---|---|
| Pastèque | 92 % | 150 g | Apport de lycopène |
| Concombre | 95 % | 100 g | Effet rafraîchissant direct |
| Orange | 87 % | 1 fruit | Vitamine C, prévention crampes |
| Yaourt grec nature | 83 % | 125 g | Protéines faciles à digérer |
Et si la personne refuse de boire ? On peut recourir à la gelée hydratante CarePlus Go – une cuillère apporte 50 mL – ou proposer un « milk-shake minute » mixant banane, lait végétal et glace pilée. Pour davantage d’idées, l’article Repas légers pour journée chaude fournit une dizaine de recettes prêtes en cinq minutes.
Avant de passer à la section 4 consacrée à la gestion des activités extérieures, signalons une ressource incontournable : le numéro vert Canicule Info Service (0800 06 66 66) répond à toutes les questions de diététique hydrique chaque été.

Adapter le rythme de vie et l’exposition au soleil : ralentir pour durer
L’été dernier, 40 % des hospitalisations liées à la chaleur se sont produites après une activité physique, parfois anodine : désherber un jardin, porter un sac de courses, accompagner un enfant à la plage. En tant qu’aidant, réorganiser l’emploi du temps du bénéficiaire devient donc indispensable. À Paris 13ᵉ, le CCAS a instauré un « créneau fraîcheur » : toutes les sorties d’accompagnement – pharmacie, marché, kiné – sont fixées avant 11 h ou après 19 h. Cette règle simple a réduit de 25 % les passages aux urgences gériatriques, selon un audit interne publié début 2025.
- Vêtements : privilégier fibres naturelles, couleurs claires, coupe ample. Les chapeaux à large bord CarePlus SunGuard intègrent une bandelette thermochrome changeant de couleur à 37 °C, signal d’alerte immédiat.
- Crème solaire : indice 50, large spectre UV/IR. Les stations thermales de Vichy ont relancé en 2025 une gamme respectueuse des peaux très âgées, sans alcool ni parfum.
- Planification : reporter tout effort musculaire (jardinage, bricolage) en matinée fraîche. Utiliser une application de météo horaire.
- Micro-pauses : 10 minutes de repos à l’ombre toutes les 30 minutes d’activité, avec 100 mL d’eau.
Un détail souvent négligé : la protection oculaire. Les verres polarisés retardent la survenue de migraines ou de confusion liée à l’éblouissement. L’enseigne Sauge Santé offre d’ailleurs une remise aux aidants sur présentation d’un badge PharmaVie.
| Heure de la journée | Indice UV moyen (juillet) | Activités recommandées | Hydratation préalable |
|---|---|---|---|
| 6 h-10 h | 2-4 | Marche courte, courses légères | 250 mL |
| 10 h-17 h | 7-9 | Repos à l’intérieur, activités calmes | 500 mL répartis |
| 17 h-21 h | 3-5 | Visite extérieure, jardinage léger | 300 mL |
Le cinéma, la projection d’un film nostalgique comme Marcelle et sa vache Nénette, ou une séance de lecture en bibliothèque municipale, sont d’excellentes options d’occupation fraîche. Enfin, ne jamais oublier l’après-activité : un linge humide placé sur la nuque et un demi-litre d’eau à température ambiante scellent la récupération.
Reconnaître les signes d’alerte et agir vite : chaque minute compte
Malgré toutes les précautions, l’urgence peut surgir. Le drame de l’été 2022 à Nice – un octogénaire retrouvé inanimé sur son balcon – rappelle qu’il faut savoir basculer en mode secours. Le repérage des symptômes doit être enseigné à toute la famille, y compris aux adolescents : ce sont souvent eux qui découvrent la première anomalie.
Tableau clinique à mémoriser
| Symptôme | Seuil critique | Action immédiate | Numéro |
|---|---|---|---|
| Température corporelle | >39,5 °C | Appeler le 15, refroidir eau tiède | 15 (SAMU) |
| Confusion, propos incohérents | Instantané | Climatisation, position semi-allongée | 15 |
| Crampes musculaires | – | Boisson salée légère, repos | Médecin traitant |
| Peau sèche, absence de sueur | – | Bain 37 °C puis 34 °C | 15 si persiste |
Le protocole d’urgence le plus simple tient en trois verbes : Refroidir – Réhydrater – Remettre sous surveillance médicale. Les secouristes rappellent d’éviter l’eau glacée, qui provoque une vasoconstriction. Préférer une douche tiède en diminuant progressivement la température.
- Refroidir : pulvériser de l’eau à 25 °C grâce à un brumisateur Brumi.
- Réhydrater : solution de réhydratation orale (disponible en pharmacie PharmaVie).
- Remettre : installer la personne en position latérale de sécurité si perte de conscience.
En attendant l’arrivée des secours, un ventilateur Dyson orienté vers le bas, combiné à une serviette humide, augmente la vitesse d’évaporation et accélère le refroidissement. Ces gestes simples ont sauvé, selon Santé publique France, une centaine de vies durant l’été 2024. Pour aller plus loin, l’article Canicule et senior : pièges à éviter propose un mémo imprimable que beaucoup de familles aimantent sur le frigo.
Notons enfin que les équipes médicales recommandent d’éviter l’automédication. Un paracétamol mal dosé peut masquer la fièvre ; un anti-inflammatoire majore le risque de déshydratation. Dans le doute, l’appel au 15 reste la règle d’or.
Pour maintenir un suivi après une alerte, le réseau d’aidants peut programmer un système de « visites 48 h » : trois visites courtes la première journée, deux la suivante. À l’EHPAD de Belle-Île-en-Mer, les équipes ont montré qu’un tel protocole diminuait de moitié les réhospitalisations.
Le dernier levier de prévention reste la sensibilisation continue : flyers multilingues, ateliers animés par un médecin, partage de vidéos. Dans un monde où les vagues de chaleur deviendront la norme, chaque citoyen doit connaître ce « code orange » comme il connaît le « piéton-vert » des passages cloutés.
FAQ spéciale aidants face aux fortes chaleurs
Quelle quantité d’eau proposer à une personne âgée souffrant d’insuffisance cardiaque ?
En moyenne 1,5 litre, mais l’avis du cardiologue prime. Fractionner en 100 mL pris toutes les heures évite la surcharge hydrique.
Le ventilateur suffit-il si l’air ambiant dépasse 32 °C ?
Non. Au-delà de 30 °C, l’air brassé ne rafraîchit plus la peau. Il faut ajouter brumisation ou déplacer la personne dans un lieu climatisé.
Peut-on utiliser un brumisateur parfumé ?
Mieux vaut une eau neutre. Les parfums, notamment les huiles essentielles, peuvent provoquer des allergies cutanées lorsqu’ils réagissent au soleil.
Comment convaincre un senior récalcitrant de quitter son logement trop chaud ?
Miser sur le lien social : proposer une activité plaisante (projection de film, jeu de cartes) dans le lieu frais. L’argument médical seul est rarement suffisant.
Les animaux domestiques peuvent-ils accompagner les résidents dans les salles rafraîchies ?
Variable selon les établissements ; se renseigner avant. Certains sites, comme Les Terrasses du Suzon, acceptent les petits animaux en cage ventilée.
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